


























































De cette immense étendue blanche craquelée et mouvante se dégage un sentiment de majesté et de frayeur. On ne peut s'empêcher de monter sur quelques blocs pour observer la scène d'un peu plus près. Mais très vite on fait marche arrière pour retrouver la terre ferme et reprendre la route. • • • From this immense cracked and moving white expanse emanates a feeling of majesty and fear. We can't help but climb a few blocks to observe the scene a little more closely. But very quickly we backtrack to find the land and hit the road.

Nous arrivons devant une maison sur une petite exploitation familiale que la neige et la glace fait briller. Nous rencontrons Simon, c’est là où il a grandi. Autour d’un café il nous parle de son métier de producteur de sirop d’érable et de son attachement à la région. Au loin on devine les monts tapissés d’érables où se trouve sa cabane à sucre. • • • We arrive in front of a house on a small family farm that the snow and ice make shine. We meet Simon, that's where he grew up. Over a coffee, he tells us about his job as a maple syrup producer and his attachment to the region. In the distance we can see the maple-covered mountains where his cabane à sucre is located...

Nous suivons Simon et son pick-up dans un dédale de chemins recouverts de neige : 2ème rang…3ème rang…la densité et la hauteur des arbres est impressionnante. Au bout de la route Deschênes, nous apercevons de la fumée et des chalets en bois. A peine sortie de la voiture Léa ramasse une feuille. • • • We follow Simon and his pick-up through a maze of snow-covered paths: 2nd row...3rd row...the density and height of the trees is impressive. At the end of the Deschênes road we see smoke and wooden chalets. Barely out of the car Lea picks up a leaf.

"L’érable à sucre fait partie, avec les Canadiens Français, des débuts du Canada. Et 80% de la production de sirop est québécoise. Ici c’est ce qu’on a appelé le Bas-Canada, les Acadiens, eux, étaient sur la côte du Nouveau-Brunswick plus à l’Est. C’était des pêcheurs. On a évolué dans deux mondes un peu différents. C’est bien après que d’autres Provinces viendront s’ajouter en créant cette association commerciale que sera la Confédération canadienne en 1867. Le Quebec avait déjà 200 ans à ce moment là ! • • • The sugar maple is part, with the French Canadians, of the Canada's beginning. And 80% of the syrup production is from Québec ! Here is what we called Bas-Canada, while the Acadians were on the New Brunswick coast further east. They were fishermen. We have evolved in two slightly different worlds. It is much later that other provinces will want to be added by creating this commercial association which will be the Canadian Confederation in 1867. Quebec was already 200 years old at that time !" __SIMON DESCHÊNES, MAY2020

"L’eau d’érable était déjà connue des Premières Nations. Toutes leurs connaissances autour des plantes ont été indispensables aux premiers colons pour s’adapter à un pays de froid aux saisons très contrastées. C’est les équipements et les nouveaux outils amenés par les européens qui ont fait évoluer les savoir-faire. On s’imagine toujours des guerres mais les colons français n’étaient pas en guerre avec tous les autochtones. Les coureurs des bois, les découvreurs, utilisaient toutes les connaissances indigènes pour se déplacer. Les langues ont vite été apprises pour pouvoir communiquer, et travailler ensemble • • • Maple water was already known by the First Nations. All their knowledge around plants was essential to the first settlers to adapt to a cold country with very contrasting seasons. It is the equipment and new tools brought in by Europeans that have changed know-how. We always imagine wars but the French settlers were not fighting all the natives. The coureurs des bois, the explorers, used all the indigenous knowledge to move about. Languages were quickly learned to be able to communicate and work together." __SIMON DESCHÊNES, MAY2020

"Les anglophones de Colombie-Britannique n’ont pas la même histoire, pas le même mode de vie que nous autres québécois francophones…ça n’a rien avoir ! Oui on a le même passeport, mais d’après moi on est aussi éloigné que l’est un insulaire de Terre-Neuve avec une personne des Territoires du Nord-Ouest. D’ailleurs avec la COVID19 on voit combien ces différences prédominent dans la façon dont les communautés réagissent et s’organisent. La religion a aussi joué son rôle. Je ne suis pas catholique pratiquant mais, c’est sûr, je suis issu d’une société catholique qui s’est battue pour conserver sa langue, sa foi, ses territoires. Je suis les traces d’autres avant moi, par contre je suis pas venu m’établir ici, moi je suis né ici. Je suis né dans l’érablière, ma culture est là. • • • The anglophones from British Columbia do not have the same history, the same way of life as us Francophone Quebeckers...it has nothing to do with it ! Yes, we have the same passport, but I think we are as far apart as a Newfoundlander with a person from the Northwest Territories. Besides, with COVID19 we can see how these differences predominate in the way communities react and organize themselves. Religion played its role too. I’m not a practicing Catholic but it’s certain I come from a Catholic society, which fought to keep its language, its faith, its territories. I am in the footsteps of others before me however I did not come to settle here, I was born here. I was born in the sugar bush, this is my culture." __SIMON DESCHÊNES, MAY2020


Sur la Transcanadienne, la feuille d’érable à fond vert, nous accompagne et nous guide plein est. Bientôt, nous quitterons le Québec pour le Nouveau-Brunswick. A mi-chemin, nous longeons une immense étendue blanche, un Lac gelé que nous allons voir de plus près. Au milieu du petit bourg, un garage orné de vieilles plaques métalliques attire notre attention, notamment une rouge où il est écrit « Prudence, Camp Autochtone »... • • • On the Trans-Canada Highway, the maple leaf, on green background, accompanies us and guides us due east. We will soon be leaving Québec for New-Brunswick. Halfway, we follow an immense white expanse, a frozen Lake that we will see more closely. In the middle of the small town, a garage decorated with old metal plates attracts our attention, one red in particular where it’s written « Caution, Indigenous Camp »...


Nous longeons la frontière du Maine, état voisin américain, et ça se sent. Même si les panneaux sont toujours dans les deux langues officielles, ici nous n’entendons plus parler français. Comme un survivant en équilibre sur un sol qui disparait, ce sapin nous fait nous arrêter pour marcher un peu. • • • We go along the border of Maine, a neighboring American state, and you feel it. Even though the signs are always in both official languages, here we no longer hear French spoken. Like a survivor balanced on a disappearing ground, this fir tree makes us stop to walk a little.

Le peuple Wolastoqiyik de la vallée du fleuve Saint-Jean, appelait l’endroit Chibunikabit « Géant destructeur ». La légende de Malobiannah raconte qu’une jeune captive, pour sauver son village, se sacrifia en attirant les canots Mohawks dans les chutes de Grand-Sault. Surplombant cette gorge gigantesque, nous sommes saisis d’un léger vertige… • • • The Wolastoqiyik people from the Saint John River valley called the place Chibunikabit "destructive giant." The legend of Malobiannah tells that a young captive, to save her village, sacrificed herself by attracting the Mohawk canoes into the falls of Grand-Falls. Overlooking this gigantic gorge, we are seized with a slight vertigo…

Le soleil se couche, et nous devons trouver un endroit où passer la nuit. Au bout d’une longue route sombre on aperçoit un poste éclairé, une barrière et le panneau Woodstock First Nation. On comprend que nous ne sommes pas encore arrivés à Woodstock, 9km en aval de la réserve de la Première Nation Wolastoqey. Au réveil je prends cette photographie du motel comme tirée d’un épisode d’X-Files ou de Twin Peaks… • • • The sun sets, and we have to find a place to spend the night. At the end of a long dark road we can see a lighted post, a barrier and the Woodstock First Nation sign. We understand that we have not yet arrived in Woodstock, 9km downstream from the Wolastoqey First Nation reserve. When we wake up, I take this photograph of the motel as taken from an episode of X-Files or Twin Peaks...


Nous atteignons la côte, enfin ! Montreal est à 900km maintenant. La carcasse d’une vielle Chevrolet avalée par la neige me distrait et nos roues glissent lentement dans un petit fossé. Un énorme pick-up s’arrête « you all right ? », notre plaque laisse entendre que nous sommes anglophones. Mais ici c’est la capitale de l’Acadie et on parle le français. En 3sec une corde massive nous remet d’aplomb, on a de la chance, et aussi vite nous continuons notre exploration de la péninsule. • • • We reach the coast, finally ! Montreal is 900km now. The carcass of an old Chevrolet swallowed by snow distracts me and our wheels slide slowly in a small ditch. A huge pickup truck stops "you all right? ", our plaque suggests that we are English speaking. But here it is the capital of Acadia and we speak French. In 3sec a massive rope brings us back on the road, we are lucky, and as quickly we continue our journey on the peninsula.



L’exploration de la petite île Miscou nous donne la sensation d’avoir atteint un bout du monde. La neige épaisse recouvre tout et étouffe les sons. Champ de croix et de stèles échappées des neiges, on passe un peu de temps à observer ce cimetière…et à lire quelques noms à haute voix. • • • Exploring the little Miscou Island makes us feel we have reached the end of a world. The thick snow covers everything and stifles sounds. Field of crosses and stelae escaped from the snow, we spend a little time observing this cemetery… and reading some names out loud.


Pendant notre passage en Acadie nous séjournons chez Chantal. Elle habite une belle maison qui donne sur la baie de Tracadie. Après nos longues journées, on a plaisir à retrouver ce petit havre de paix plein d’ondes positives. Le soir nous "jasons" avec Chantal qui nous raconte sa pays, en compagnie de sa tourterelle Shanti. • • • During our stay in Acadia we stayed at Chantal's. She lives in a beautiful house that overlooks Tracadie Bay. After our long days, we enjoy finding this little haven of peace full of positive waves. In the evening, we "jasons" with Chantal who tells us about her region, in the company of her turtledove Shanty.

"La Sagouine est un personnage écrit et créé par Antonine Maillet, écrivaine et romancière acadienne. Elle a été jouée par une comedienne qui s’appelle Viola Léger. Lorsqu’elle passait à la TV, jm’en rappelle, j’étais toute jeune : c’est une madame habillée avec un foulard, une vieille robe toute délabrée. Dans un français de je ne sais où elle « fourbissait » son plancher et racontait son histoire, celle de Gapi son mari, et les histoires du Pays de La Sagouine. Parfois c’était drôle, parfois c’était dramatique, mais c’était toujours interessant à écouter. • • • La Sagouine is a character written and created by Antonine Maillet, Acadian writer and novelist. It was performed by an actress named Viola Léger. When she was on TV, I remember, I was very young, she is a lady dressed with a scarf, an old dilapidated dress. In a French, i don't know where, she "tidied up" her floor and told her story, of Gapi her husband, and the stories of the Pays de La Sagouine. Sometimes it was funny, sometimes it was dramatic, but it was always interesting to listen." CHANTAL, MAI 2020

"Je suis née à Tilley Road, une petite localité à env. 15min de Tracadie, dans la maison familiale de ma mère où on habitait avec ma grand-mère. Pour moi être acadienne, c’est l’entre-aide, l’accueil, la chaleur humaine. Si je croise des étrangers en ville c’est sûr je vais leur parler, leur suggérer des endroits à visiter, pour découvrir notre belle péninsule. Et je crois qu’on a ça en nous. Je sais pas si c’est parce que dans nos racines, nos ancêtres ont été déportés par les anglais et qu’on a un peu peur d’être malmené comme c’est arrivé mais je trouve que notre peuple c’est un peuple très aidant. • • • I was born in Tilley Road, a small town approx. 15min from Tracadie, in my mother’s family home where I lived with my grandmother. For me to be an Acadian, it is mutual help, welcome, human warmth. If I meet strangers in town it’s sure I’ll talk to them, suggest places to visit, to discover our beautiful peninsula. And I think we have that in us. I do not know if it is because in our roots, our ancestors were deported by the British, and we are a little afraid of being manhandled as it happened but I find that our people are a very helping people." CHANTAL, MAI 2020

"Pour ce qui est de l’histoire Acadienne, le Grand Dérangement, les Cadiens (ou plutôt « Cajuns ») de la Louisiane : j’adore la chanson « Grand Pré », écrite par Angèle Arsenault, une acadienne de l’Île-du-Prince-Édouard qui est décédée en 2014. Il lui a fallu 5 ans pour écrire cette chanson, et elle explique vraiment bien toute notre histoire. Je ne peux pas encore l’écouter sans avoir une émotion qui monte à la gorge et des larmes aux yeux. Je suis allée à Grand Pré visiter l’Église, et je sens qu’en t’en parlant j’ai des émotions qui montent… L’histoire c’est que les français, nos ancêtres, mon ancêtre, Pierre Comeau, arrivaient par bateaux. Les terres étaient à défricher, à découvrir, ils étaient « les bâtisseurs ». Pourquoi eux plutôt que d’autres ? Peut-être avaient-ils commis des choses en France et on voulait s’en débarrasser en les envoyant ici, en Amérique, ou peut-être étaient-ils choisis ou volontaire, je ne sais pas très bien... • • • About the Acadian history, the Grand Dérangement, the Cadians (or rather "Cajuns") of Louisiana : I love the song "Grand Pré", written by Angèle Arsenault an acadian from the Prince Edward Island who is now deceased. It took her 5 years to write this song, and it really explains our whole story. I still cannot listen to it without having an emotion that goes up my throat and tears in my eyes. I went to Grand Pré to visit the Church, and I feel by telling you about it my emotions are rising... The story is that the French, our ancestors, my ancestor, Pierre Comeau, arrived by boats. The lands were to be cleared, to be discovered, they were "the builders". Why them rather than others ? Maybe they had committed things in France and we wanted to get rid of them by sending them here, to America, or maybe they were chosen or voluntary, I don't know very well..." CHANTAL, MAI 2020


"En Nouvelle-Ecosse, dans le coin de Grand Pré, ils ont défriché des terres et construit des aboiteaux pour les rendre plus riches, plus fertiles, en maitrisant l’eau. Il semblerait que quand les anglais ont vu que ces terres étaient devenues fertiles, alors qu’on nous avait, comme on dit en bon acadien "dumpés" (jetés) ici "...et arrangez-vous ! », ils ont décidés de les prendre et de nous déporter. Comme de raison, les acadiens ont résisté, et on a rassemblé les hommes dans l’Église pendant qu’on brûlait les maisons et qu’on mettait les femmes et les enfants sur des bateaux. Y a eu beaucoup de morts et quand on visite Grand Pré, pourquoi j’ai l’émotion qui monte à la gorge, c’est que j'ai vue et lu la liste de tous les gens qui ont été tués. Ça nous arrache le cœur parce que ce sont nos ancêtres, et que le pouvoir d’un peuple, son travail, n’a pas été reconnu. On a volé nos droits, nos terres. Certains se sont sauvés ailleurs en N-E, à l’I-P-E vers la côte est du Nouveau-Brunswick, puis le Québec, mais ceux envoyés sur les bateaux furent déportés en Louisiane. • • • In Nova Scotia, in Grand Pré area, they cleared land and built aboiteaux to make them richer and more fertile. By mastering water. Apparently when the English saw that these lands had become fertile, while we had been, as we say in Acadian "dumpés" (dumped) on these lands "... your on your own !", they decided to take them and deport us. Of course, the Acadians resisted, and we gathered the men in the Church while we burned the houses and put the women and children on boats. There have been many deaths and when we visit Grand Pré, why I have the emotion that goes up to the throat, because I saw and read the list of all the people who were killed. It tears our hearts out because they are our ancestors, and the power of a people, their work, was not recognized. We stole our rights, our lands. Some fled elsewhere in N-E, to the P-E-I, and to the east coast of New Brunswick, then to Quebec, but those sent on the boats were deported to Louisiana.» CHANTAL, MAI 2020

"Les Micmacs ont aidé les acadiens à se sauver la vie. Lors du Congrès Mondial Acadien de 2009, j'ai composé une chanson : L'appel du Nord. Elle parle des acadiens pris sur une île près de Miramichi. Ils attendent de l'argent et de la nourriture qui ne viendront jamais. Certains meurent du scorbut, d'autres quittent l'île à l'hiver pour s'établir "...vers Tracadie-Lieu de campement, Au passage des canards-Shippagan, vers Caraquet-Rencontre des rivières, Oh guides-nous étoile de la mer" Et maintenant les Micmacs vivent dans leurs réserves, ils ne paient pas de taxes. Nous avons beaucoup à apprendre d'eux, de leurs anciens, notamment sur le respect de la terre. Malheureusement l'alcool en abreuve certains d'entre eux. • • • «The Micmacs helped the Acadians save their lives. During the 2009 World Acadian Congress, I composed a song: Appel du Nord. It talks about Acadians isolated on an island near Miramichi. They are waiting for money and food that will never come. Some die from scurvy, others leave the island in winter to settle "...vers Tracadie-Camp site, Au passage des canards-Shippagan, vers Caraquet-Rencontre des Rivères, Oh guides-nous étoile de la mer" And now the Micmacs live on their reserves, they don't pay taxes. We have a lot to learn from them, from their elders, especially with respect of the land. Unfortunately alcohol drinks some of them." CHANTAL, MAI 2020

« Le 15 Août, c’est la fête Nationale des Acadiens où de 6h à 7h le soir on fait un Tintamarre. Nous nous habillons en bleu, en blanc, rouge et jaune, et nous faisons du bruit pour rappeler à toute la terre que nous sommes toujours vivants. Dans certaines villes comme ici à Tracadie, c’est les voitures qui sont décorées. Les gens marchent dans les rues, d’autres font des chars allégoriques comme par exemple ce foyer de personnes âgées qui ont une grosse remorque, avec des chaises, et elles paradent assises comme ça, quel plaisir de les voir. Mon sentiment et ma fierté d’être acadienne sont encore plus grands pendant le Congrès Mondial Acadien qui se tient tous les 5 ans depuis 1994. C’était ici en 2009 à Caraquet, Tracadie, Shippagan, Néguac, Miscou, Grande-Anse. Nous avons eu des rencontres de familles, y avait des gens de partout au monde, et j’ai pu faire ma généalogie. J’ai réalisé qu’un de mes ancêtres Comeau, à 8 générations, avait fuit la Nouvelle-Ecosse. Il est venu à travers bois en passant par Saint-Jean où étaient les loyalistes et est finalement arrivé à Tracadie. Il a eu 5 garçons, des filles aussi. Ce monsieur est donc l’ancêtre de beaucoup d’Acadiens ici. Fait qu’avec des amis d’école on a de la parenté ! • • • August 15 is National Acadian Day, where from 6pm to 7pm we do a Tintamarre. We dress in blue, white, red and yellow, and we make noise to remind the whole world that we are still alive. In some cities like here in Tracadie, it's cars that are decorated. People are walking in the streets, others are making allegorical vehicles such as this retirement home which have a big trailer, with chairs, and they parade seated like that, it is such a pleasure to see them. My feeling and pride in being Acadian are even greater during the Acadian World Congress which has been held every 5 years since 1994. It was here in 2009 in Caraquet, Tracadie, Shippagan, Néguac, Miscou, Grande-Anse. We had family meetings, with people from all over the world, and I was able to do my genealogy. I realized that one of my 8-generation Comeau ancestors, had fled Nova Scotia. He came through the woods passing through Saint-Jean where the loyalists were and finally arrived in Tracadie. He had 5 boys, girls too. This gentleman is therefore the ancestor of many Acadians here. So that we have relatives with school friends! » CHANTAL, MAI 2020


Nous arrivons sur l’Île-Du-Prince-Edouard et découvrons la capitale, Charlottetown. On se croirait dans une petite ville d’Angleterre où les vieilles enseignes de pubs nous ramènent au début du XXème siècle. C’est aussi à cette époque qu’Elmwood fut construite, belle et grande maison victorienne où nous passerons la nuit. L’histoire raconte que l’autrice Lucy Maud Montgomery s’en est inspirée pour décrire la maison de « Beechwood » dans sa célèbre oeuvre « Anne of Green Gables », dont la série à succès « Anne With An E » est tirée. • • • We arrive on Prince Edward Island and discover the capital, Charlottetown. It feels like a small town in England where the old pubs are taking us back to the first decade 20th century. It was also around this time that Elmwood was built, a beautiful and large Victorian house where we will spend the night. The story goes that the author Lucy Maud Montgomery were inspired by it to describe the house of "Beechwood" in her famous work "Anne of Green Gables", from which the successful tv show «Anne With An E» is taken.



Le phare de la ville domine le port et nous observe, en voiture, alignés sur la grande esplanade de l’embarcadère. D’autres touristes et habitants des « Îles » prennent leur mal en patience en attendant le traversier de la CTMA qui fait la liaison entre Souris et Cap-Aux-Meules depuis les années 70. On se dégourdit les jambes, et allons voir si on peut trouver un peu café dans le petit office. La glace nous encercle déjà et le silence ambiant fige le temps. • • • The town's lighthouse overlooks the port and watches us, in our car, lined up on the large pier's esplanade. Other tourists and inhabitants of the "Islands" are having a hard time waiting for the CTMA ferry which makes the connection between Souris and Cap-Aux-Meules from the 70's. We stretch our legs, and let's see if we can find coffee in the small office. The ice already surrounds us and the ambient silence freezes time.



La traversée dure environ 5 heures, et à cette période de l’année nous sommes surement les seuls touristes. On explore un bateau vide, ou presque, bercé par le ronronement des moteurs et les bruits de glaces contre la coque. L’important mobilier 60’s nous fait remonter le temps, et on ne peut s’empêcher de penser à « Shining ». • • • The crossing takes around 5 hours, and at this time of year we are probably the only tourists. We explore an empty boat, or almost, lulled by the hum of the engines and the sounds of ice against the hull. The large 60's furniture takes us back in time, and we can't help but think of "Shining".

Derrière le bar, un grand monsieur attire notre attention. Son élégance, son sourire et sa bienveillance nous happent. On parle un peu des Îles de la Madeleine, où il est né et où il vit, et de sa passion pour la poterie. Il voit mon appareil en bandoulière et très vite je lui demande si je peux le prendre en photo. • • • • Behind the bar, a tall man draws our attention. His elegance, his smile and his kindness catch us. We talk a bit about the Magdalen Islands, where he was born and lives, and about his passion for pottery. He sees my camera over my shoulder and very quickly I ask him if I can take a picture.


Nous arrivons de nuit, avec comme point de rendez-vous « l’aréna de Fatima ». Nous y retrouverons, Nadine, gérante du gîte de « La Butte Ronde » sur l’île du Havre-aux-Maisons où nous séjournerons. Je me souviens encore de notre surprise en découvrant ce nom oriental, ici, outre-Atlantique. Après cette longue traversée, au milieu de la nuit qui a tout recouvert, certains symboles resurgissent dans ce petit bout du monde. • • • • We arrive at night, with "Fatima arena" as our meeting point. We will meet there, Nadine, manager of the gîte "La Butte Ronde" on the island of Havre-aux-Maisons where we will be staying. I still remember our surprise when we discovered this oriental name, here, on the other side of the Atlantic. After this long crossing, and the night that covered everything, certain symbols re-emerge in this small end of the world.

Après quelques déboires, nous trouvons l’aréna et débarquons en plein tournoi de hockey inter’Îles. Les jeunes madelinots affrontent leurs cousins insulaires de Saint-Pierre & Miquelon dans la catégorie Pee Wee. Au milieu des hotdogs et des cris nous trouvons Nadine qui est là pour supporter son fils. Après le match nous sommes conviés à diner avec les adversaires du jour au gîte où nous passerons une soirée mémorable. Ce bouillon culturel d’accents, d’histoires drôles et d’expressions, entre francophones d’un peu partout, reste gravé dans nos mémoires. • • • • After a few setbacks, we find the arena and land in the middle of an inter-island hockey tournament. The young Magdalenians face their island cousins from Saint-Pierre & Miquelon in the Pee Wee category. In the middle of the hotdogs and the screams we find Nadine who is there to support her son. After the match we are invited to dine with the opponents of the day at the lodge where we will spend a memorable evening. This cultural broth of accents, funny stories and expressions between Francophones from almost everywhere remains etched in our memories.


« Mon aïeul Éloquin (Helléquin-Elkin) arrivait de Tréguier en Bretagne. Ce serait par son épouse madelinienne que j’aurais du sang acadien. La même chose du côté de mes grands-parents maternels; l’un arrivant de Saint-Jean-de-Luze (Darraspé) devenu Deraspe aux Iles-de-la-Madeleine. C’est par ma grand-mère maternelle que je suis à demi-Acadien. Alors, une culture métissée...Mais, je ne me sens pas vraiment Acadien pour autant, sauf si ce n’est qu’historiquement. Ma véritable appartenance est au Québec. Je sais qu’il y a une fierté acadienne et que beaucoup d’artistes en font la promotion. En tant que minorité culturelle, tout comme le Québec d’ailleurs, ils se battent pour exister en tant que peuple. • • • • My ancestor Éloquin (Helléquin-Elkin) came from Tréguier in Brittany. It would be through his Magdalen wife that I would have Acadian blood. Same thing from my maternal grandparents side. One arriving from Saint-Jean-de-Luze (Darraspé) who became Deraspe in the Magdalen Islands. It is through my maternal grandmother I am half-Acadian. So, a mixed culture... But, I do not really feel Acadian, expect historically speaking. My real affiliation is with Quebec. I know there is an Acadian pride and many artists promote it. As a cultural minority, like Quebec by the way, they are fighting to exist as a people. » JEAN ÉLOQUIN, JUL20.

« En métropole depuis une quarantaine d’année, je vous dirais que ma culture madelinienne, et insulaire de surcroît, est en quelque sorte noyée entre deux insularités : la montréalaise et la madelinienne. Il arrive parfois que je me sente plus Montréalais que Madelinot, mais il suffit d’un air du large ou un souvenir des embruns matinaux pour que cette insularité me revienne. Alors, je me sens triplement métissé : Acadien-Madelinot-Québécois bien que parfois l’ordre peut varier. • • • • In mainland city for the past forty years, I would say that my Magdalenian culture, and moreover an islander culture, is in a way submerged between two insularities: Montreal and Magdalen. Sometimes I feel more Montrealer than Madelinot, but it only takes an air from the sea or a memory of a morning spray for this insularity to come back to me. So I feel tripled: Acadian-Madelinot-Quebecer although sometimes the order can vary ». JEAN ÉLOQUIN, JUL20

« Cette fibre insulaire est très très présente et laisse des traces où qu’elle soit. L’adage dit «qu’aux Îles, ce n’est pas pareil !», ce qui en dit long. Cette insularité québécoise et maritime, se transporte aussi dans certains milieux urbains où des regroupements de Madelinots en «exil», si je puis dire, se rassemblent pour y faire revivre la culture. C’est le cas à Verdun, au Sud-Ouest de Montréal où il existe le «Mouvement Social Madelinot. • • • • • “This island fiber is very present and leaves traces wherever it is. The saying goes "that in the Islands, it's not the same!", Which speaks volumes. This Quebec and maritime insularity is also transported to certain urban areas where groups of Madelinots in "exile", if I may say so, gather to revive the culture. This is the case in Verdun, southwest of Montreal where there is the "Mouvement Social Madelinot." JEAN ÉLOQUIN, JUL20.


«Pour ce qui est de ma relation avec la France, je vous dirais qu’elle n’est que culturelle et historique puisque je suis professeur de littérature québécoise (et française), quoique mes études en littérature m’ont mené à côtoyer les grands auteurs français. Et pour un littéraire, l’héritage français est une richesse indéniable. • • • • • « Regarding my relationship with France, I would say that it is only cultural and historical since I am a professor of Quebec (and French) literature, although my studies in literature have led me to rub shoulders with the great authors French. And for a literary, the French heritage is an undeniable richness. » JEAN ÉLOQUIN, JUL20.

« Si la partie Nord des Îles vous semble plus calme, cela s’explique par le fait que toute la vie culturelle se passe au centre et à l’extrémité Ouest. Cela a toujours été. Il arrive en saison estivale que quelques activités aient lieu à Grande-Entrée (mon village natal) mais ce n’est que le temps d’un week-end. • • • • • If the northern part of the Islands seems quieter to you, this is explained by the fact that all cultural life takes place in the center and at the western end. It always has been. It happens in the summer season that some activities take place in Grande-Entrée (my native village) but this is only the time of a weekend.» JEAN ÉLOQUIN, JUL20.


En bordure de route, surplombant le paysage, une belle église en bois apparait. Son style (néogothique) nous saisit et dans un silence très solennel, nous explorons les lieux, admirons la galerie et le coeur de celle qu’on surnomme « la cathédrale des Îles ». Ce point de repère qui domine le gofle du Saint-Laurent à traverser les siècles et cette présence de l’Histoire se ressent. • • • • • Along the road, overlooking the landscape, a beautiful wooden church appears. Its (neo-Gothic) style captures us and in a very solemn silence, we explore the place, admire the gallery and the heart of what we nickname "the cathedral of the islands". This landmark which dominates the gulf of the St. Lawrence through the centuries and this presence of History is felt.

A l’extrême sud de l’archipel nous gravissons une colline en suivant un chemin que l’hiver a pratiquement effacé. En haut de la butte, une grande croix blanche nous accueille, elle se confond avec le ciel qui s’est chargé d’une brume neigeuse en l’espace de quelques minutes. Autour de nous, l’océan disparait et ce petit bateau qui gît tout proche, renforce notre perte de repères. • • • • • In the extreme south of the archipelago we climb a hill following a path that winter has practically erased. At the top, a large white cross welcomes us, it merges with the sky, which has taken on a snowy mist in few minutes. Around us, the ocean disappears and this little boat which lies nearby, reinforces our loss of bearings.



La fin de notre voyage aux Îles approche. Nous profitons de cette fin de journée pour marcher le long d’une côte vallonnée qu’une nuit de nuages recouvre peu à peu. Alors qu’au large une brèche de lumière se dessine, les silhouettes de quelques maisons esseulées apparaissent. Ce contraste saisissant me permet de prendre cette photo malgré l'obscurité qui, quelques minutes plus tard, est totale. • • • • • The end of our trip to the islands is approaching. We take advantage of the end of the day to walk along a hilly coast that a night of clouds gradually covers. As a breach of light emerges on the sea, the silhouettes of few lonely houses appear. This striking contrast allows me to take this photo despite the darkness which, a few minutes later, is total.
