« UUJUK KANGILEQ »
GROENLAND – DISKO BAY
« You traveled because your eyes had to see and
realize »
(Arluk - The song for those who want to live - Jorn Riel, 1984)
(Short version text)
500km north of the Arctic Circle, we strayed from a hiking path and discovered a small abandoned hut, in the hollow of a fjord, which we rehabilitated to stay there. Nourished by the ethnologist Jorn Riel’s texts and Inuit mythology, this documentary series took on a whole new dimension after a shocking accident: sliding from a cliff I fell in Arctic waters and drowned my films and camera. During developing, chemistry revealed traces and defects as so many specters that marked forever our passage to Uujuk Kangileq. This series broaches the ecological issues having a ringside seat on climate change and its consequences on indigenous populations.The environment photographed changes, melts, disappears every minute that passes. Like time-worn archival images, these photographs depict a world where man has almost disappeared, leaving behind mammal bones, huts or young sled dogs immersed in a disturbing sleep.
Greenland has been a coveted land since the exile around the year one thousand of the Viking Erik Le Rouge who named it «Greenland» to attract other settlers, until the Danish domination of the eighteenth century. Before, during, and until today, a group of hunters with ancestral cultures perfectly adapted to this extreme environment has established itself there. Greenland in spite of itself is under pressure from the modern world and finds itself in the midst of Arctic major issues. It will have to choose whether or not to exploit its natural resources to obtain, among other things, total political autonomy. Denmark, after three centuries of evangelization and cultural colonization, pays an annual subsidy of one billion crowns for the 56,000 inhabitants.
In Inuit mythology, tupilak is an evil being created by a shaman from pieces of humans and dead animals, which can take a great variety of forms. It is launched in order to kill a determined person, but if he does not succeed he turns to his creator. This myth strangely echoes to what is happening in front of our eyes : a more and more dominant West and a maligned spirit haunting and destroying its begetter.
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« Tu as voyagé parce que tes yeux devaient voir et se rendre compte »
(Arluk, Le chant pour celui qui désire vivre, Jorn Riel, 1984)
(Texte version courte)
A 500km au nord du cercle polaire, nous nous sommes écartés d’un chemin de randonnée et avons découvert une petite cabane abandonnée, au creux d’un fjord, que nous avons réhabilité pour y séjourner. Nourrie des textes de l’ethnologue Jorn Riel et de la mythologie Inuit, cette série documentaire a pris une toute autre dimension après un accident bouleversant : glissant d’une falaise j’ai chuté dans les eaux arctiques et noyé mes pellicules et appareil photo. Au développement la chimie a révélé traces et défauts comme autant de spectres qui ont marqué pour toujours notre passage à Uujuk Kangileq. Cette série aborde la problématique écologique aux premières loges du dérèglement climatique et ses conséquences sur les populations autochtones. L’environnement saisi change, fond, disparaît chaque minute qui passe. Telles des images d’archives usées par le temps, ces photographies dépeignent un monde où l’homme a presque disparu, laissant derrière lui os de mammifères, hutte ou jeunes chiens de traineaux plongés dans un troublant sommeil.
Le Groenland a été une terre très convoitée depuis l’exil vers l’an mille du viking Erik Le Rouge qui la nomme «Greenland» pour attirer d’autres colons, jusqu’à la domination Danoise du XVIIIe siècle. Avant, pendant et jusqu’à aujourd’hui un peuple de chasseurs aux cultures ancestrales parfaitement adapté à cet environnement extrême s’y est établi. Le Groenland malgré lui subit les pressions du monde moderne et se retrouve au milieu des grands enjeux de l’arctique. Il devra choisir d’exploiter ou non ses ressources naturelles pour obtenir, entre autre, une autonomie politique totale. En effet le Danemark, après trois siècles d’évangélisation et de colonisation culturelle, verse une subvention annuelle qui se compte en milliard de couronnes indispensable pour les 56 000 habitants.
Le tupilak est dans la mythologie Inuit un être maléfique créé par un chaman à partir de morceaux d’humains et d’animaux morts, pouvant prendre des aspects très variés. Il est lancé dans le but de tuer une personne déterminée, mais si il ne réussit pas il se retourne vers son créateur. Etrange écho à ce qui se déroule devant nos yeux : un occident toujours plus dominant et un esprit malin revenu hanter et détruire son géniteur.